12h02 CEST
18/07/2025
Formateur dans l'âme, il n'en est pas moins compétiteur. Tacticien, il n'en demeure pas moins humain. L'ancien homme de l'ombre Laurent Bonadei endosse, depuis octobre, le rôle exposé de sélectionneur des Bleues, toujours proche des joueuses tout en assumant des choix forts.
L'homme de 55 ans qui a fait de la préparation mentale, la cohésion, la rotation de l'effectif et la jeunesse ses points cardinaux de manager, sera jugé à l'aune du quart de finale contre l'Allemagne, samedi à Bâle, trois ans après que l'équipe de France a atteint le dernier carré sous les ordres de Corinne Diacre.
Jusqu'à sa nomination à la tête des Bleues à l'automne dernier, le natif de Marseille avait enchaîné les postes d'entraîneur de réserve, de coach adjoint et de formateur. Fidèle depuis 30 ans à son ami Hervé Renard, dont il a été le bras droit en Arabie Saoudite (2019-2023) avant de l'accompagner dans le staff des Bleues en mars 2023, Bonadei était très peu connu du grand public.
D'un naturel discret, Laurent Bonadei s'est vite démarqué de son prédécesseur que ce soit dans le style de jeu, axé sur la possession et l'offensive, ou dans sa façon de manager, assumant une rupture avec la décennie passée en faisant plus appel aux joueuses emblématiques Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et Kenza Dali.
- Impliqué aux entraînements -
Inspiré par des entraineurs comme Carlo Ancelotti ou Claude Puel, l'ancien joueur de Toulon et de Wasquehal conduisait la majorité des entraînements des Bleues, tout en étant le lien entre Hervé Renard et les joueuses.
En tant que N.1, cela n'a pas vraiment changé: en jogging, casquette sur la tête, il donne toujours beaucoup de consignes lors des ateliers ou des oppositions, mais aussi entre les exercices.
A la tête d'un staff conséquent avec notamment le préparateur mental Thomas Sammut, il parle abondamment avec les joueuses et en particulier avec un groupe de neuf cadres qu'il a désignées (Mbock, Toletti, Karchaoui, Geyoro, Bacha, Peyraud-Magnin, Diani, Mateo et Lakrar).
"Mon rapport avec les joueuses n'a pas changé, c'est peut-être la vision qu'elles peuvent avoir de moi qui a changé (...) Je suis plus attendu sur mes choix donc parfois elles peuvent être dans l'attente de savoir qui va être alignée", a expliqué à l'AFP le sélectionneur.
"En tant qu'homme, je n'ai pas changé, et je continue à être qui je suis", a insisté le coach aussi exigeant avec lui-même qu'il peut l'être avec les autres.
Féru de tactique, il passe beaucoup de temps à en discuter avec ses adjoints et certaines joueuses, autant pour préparer les séances d'entraînement que pour faire des ajustements en plein match, comme à la mi-temps contre les Pays-Bas à Bâle où ses changements stratégiques ont fini par payer, alors que les Bleues étaient menées à l'issue de la première période (5-2).
- Vision "à long terme" -
"C'est un tacticien, je fais beaucoup de vidéos avec lui, chaque détail compte", a abondé jeudi Sakina Karchaoui.
"C'est un coach qui a confiance en nous, il a une stratégie pour chaque match, il réfléchit beaucoup: il va à la fois être dans le calcul et dans l'instinct, son discours est toujours tranquille", a décrit Selma Bacha, soulignant à quel point il pouvait être "bavard" au début de son mandat tant il voulait que l'équipe "comprenne son projet".
Titulaire de plusieurs diplômes d'entraineurs, il reconnaît que parfois son "rôle de formateur prend le dessus". "Je suis partagé entre le compétiteur, le sélectionneur qui doit obtenir des résultats sur l'instant T mais aussi cette vision qu'il faut avoir à long terme", a expliqué celui qui n'a pas hésité à faire confiance aux défenseuses Alice Sombath et Thiniba Samoura, toutes deux âgées de 21 ans.
"Il a toujours voulu mettre les jeunes en avant, cela fait partie de son projet de jeu", racontait Marie-Antoinette Katoto à l'AFP en juin. "Il dit les choses, il essaie de nous emmener. Et on a de plus en plus confiance avec ce qu'il met en place".